Information, citoyenneté et liberté des médias

 

Médias, quelle indépendance ?


Une société a les hommes politiques et les journalistes qu’elle mérite...

La sphère politique et les médias sont le reflet d’un peuple ; en France, il en disent long sur ses intérêts superficiels et sa passivité.

Disposer d’un système d’information efficace permettant des débats contradictoires nécessite quatre pierres angulaires fondamentales :

  •  la volonté de bien informer ;

  •  les moyens financiers et humains de le faire ;

  •  un traitement de l’information au service du public ;

  •  l’indépendance.


Quelle indépendance possible lorsqu’il y a une ingérence constante du pouvoir de l'argent par le biais des actionnaires dont les objectifs essentiellement économiques valorisent la rentabilité au détriment de la qualité d’information ?

Alors que l’affaire WikiLeaks mettait l’accent sur la transparence, le journalisme traditionnel (hors médias Internet alternatifs) fut brutalement confronté à une volonté implacable d’opacité mise en œuvre par les oligarques politiques et financiers, dans le but de cadenasser l’information en lui donnant des lignes directives et des bornes qu’elle ne devait plus jamais franchir, sous peine d’être aussitôt assaillie de dépôts de plaintes devant la justice. Depuis, à la censure visible, frontale, s’est substituée une censure insidieuse plus efficace encore : l’autocensure des journalistes. Ainsi, la profession a-t-elle perdu toute crédibilité auprès du public, et le fait que cette perte de confiance gangrène le secteur politique et celui des médias n’a rien d’anodin... C’est exactement l’objectif poursuivi dans l’ombre par celles et ceux qui œuvrent à la manipulation des masses. 


Un peuple qui ne sait plus qui croire ni que croire sombre dans la confusion, et le désinvestissement de la chose publique par les citoyens offre ainsi toute latitude aux tireurs de ficelle d’exercer leur pouvoir et d'accomplir leurs sales besognes sans contre-pouvoir. 


Taxer les journalistes de couardise évite trop souvent à chacun d’entre nous de s’interroger sur cet aveuglement volontaire au quotidien et sur notre lâcheté collective. Le réflexe citoyen en nous est quasi mort, largement anesthésié...


Internet constitue actuellement l’un des derniers bastions de résistance, l'un des rares espaces d’expression où il est possible de trouver la "bonne" information... Noyée sous le fatras d’informations fantaisistes. Cette épine impertinente est plantée dans le pied des Goliath de la Pensée Unique ; c’est pourquoi tous les gouvernements du monde mettent au point les futurs outils de contrôle total qui permettront de verrouiller la Toile, notamment sous prétexte de lutter contre le terrorisme.



Le piège


Cependant, Internet n’est pas synonyme de qualité de l’information. Sa dangerosité en matière informative est la dérive qu’il provoque dans les comportements. L’internaute se convainc d’être informé parce qu’il a cliqué sur une vingtaine de pages qu’il a parcouru en trente secondes...


L’information ne se donne pas à nous naturellement sous la souris... Elle se cherche. Elle s’acquiert avec une ouverture d’esprit véritable consistant à ne pas uniquement retenir que les informations strictement conformes à nos opinions et à prendre le risque de nous confronter au final à des découvertes qui bousculeront nos postulats de départ.


Malades de la superficialité, nous ne sommes plus capables d’exercer un réel esprit critique ni de hiérarchiser l’information. L’anodin a pris la place de l’important, le fait divers surclasse l’événement fondamental.

Dans notre "société du gadget", nous confondons la société de consommation de la communication avec l’information.

Entre les ordinateurs portables, les téléphones mobiles, le Web et les réseaux sociaux, règne l’illusion d’être informé en temps réel.

Au lieu de nous ouvrir sur l’Autre, sur le monde et sur un univers de réflexions comme on s’ingénie à nous le faire croire, ces nouvelles technologies nous maintiennent dans des réflexes et des comportements égotiques : plus l’information s’éloigne de la périphérie de notre nombril, moins elle retient notre attention.



Sortir du panurgisme


Nos capacités d’analyse s’échouent sur l’écueil pernicieux de notre paresse à émerger des phénomènes de mode et des poncifs. C’est pourtant à chacun de nous qu’il incombe de vaincre la détestable indolence de notre esprit critique consistant à considérer comme vraie toute information lue sur Internet, dans le journal ou vue à la télévision... Citoyens anesthésiés à coup de surdoses d’images et d’infos contradictoires, notre désintérêt de la chose publique et de la véritable investigation creuse la tombe de la démocratie, faisant le lit des dictatures qui avancent dans l'ombre, masquées.


F. A.