4 - NOTRE RENCONTRE

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Ma rencontre avec Jenaël

 

Je suis arrivée la première fois dans l’Aude en juillet 2011, grâce à de surprenantes synchronicités. Avec mon amie Adèle, nous étions décidées à y passer quelques jours. Nous avions déjà entendu dire que dans cette région, il se passait des choses extraordinaires. Poussées par notre curiosité, nous nous sommes donc rendues au Pic de Bugarach. À ce moment-là, j’étais loin de me douter que ma rencontre avec cette montagne mythique allait changer le cours de ma vie. J’ai été profondément émue par la beauté des paysages, de la nature sauvage, des arbres majestueux, par la joie et la plénitude que j’y retrouvais.

 

Ces lieux m’ont tellement bouleversée que de retour dans le Vaucluse, j’eus beaucoup de mal à reprendre le rythme de mon quotidien. C’est alors qu’est né le besoin irrépressible de revenir sur cette terre de l’Aude pour répondre à son puissant appel. Je pressentais déjà que j’allais bientôt être amenée à y vivre, bien que ma logique objective ne puisse l’admettre. Cette subite envie de changer d’air me paraissait totalement déraisonnable.

 

En attendant, je me documentais sur Internet sur tout ce qui se rapportait à cette région et aux histoires la concernant. Adèle me parla du site web d’une personne dialoguant avec son Ange, où figuraient des photos d’elfes, de fées, de lutins…, et qui mentionnait l’épopée cathare, ainsi que des phénomènes mystérieux et magiques qui se passaient dans cette région. Je m’y suis donc plongée avec passion. À chaque lecture, mon cœur bondissait d’émoi. C’est ainsi qu’en parcourant ce site, je découvris une partie de l’histoire Cathare qui m’était jusqu’alors inconnue et pleurai à chaudes larmes sans en comprendre la raison. L’un des dialogues m’avait particulièrement troublée :

 

“Il est extrêmement important que vous sachiez que vos mémoires de persécutions liées à vos incarnations cathares n’ont plus lieu d’être. Il est essentiel que vos cellules se libèrent de leurs mémoires engrammées dans votre ADN afin que vous puissiez accéder à une conscience supérieure. 

 

Beaucoup parmi vous sont montés sur le bûcher en chantant car “vous saviez” ! En tant que porteurs de la Connaissance, vous “saviez” que vous alliez à nouveau vous revoir dans une prochaine incarnation. Des femmes ont vu périr leurs enfants par les flammes, mais malgré leurs souffrances elles chantaient. 

 

D’autres ont vu leurs frères et sœurs les devancer sur le bûcher, mais eux aussi “savaient”. 

 

Vous aviez au fond de votre cœur la foi en la vie éternelle. Vous revenez tous afin de tenir votre promesse de vous serrer à nouveau dans les bras des uns des autres. Vous revenez tous pour permettre à l’humanité de retrouver sa mémoire. Votre cœur s’en souvient, cependant votre conscience a oublié.

 

Aujourd’hui, parmi vous, des femmes n’ont pas enfanté, car la douleur du souvenir de leur enfant qui a brûlé dans les flammes est restée gravée dans leurs mémoires cellulaires. Des hommes n’ont pas trouvé de compagne, car la mémoire de leur amoureuse montant sur le bûcher, les a meurtris dans l’âme. Des femmes ont fermé leur cœur aux hommes, de peur de les perdre à nouveau.  

 

Permettez maintenant à votre âme de se guérir de ces expériences douloureuses ! Permettez à vos cellules de se libérer en accordant votre pardon à vos anciens bourreaux. Pleurez vos émotions, mais pleurez aussi votre joie, car vous vous êtes à nouveau retrouvés dans cette incarnation...”

 

Au fil de ma lecture, je ressentais qu’il fallait absolument que j’entre en contact avec Jenaël, l’auteur du site. Je pressentais qu’il avait quelque chose à me transmettre. Cette irrésistible envie de retourner visiter cette région devenait si pressante qu’elle m’obnubilait. L’occasion me fut offerte trois semaines plus tard. Cette fois-ci, nous étions quatre amies pour vivre ce qui allait devenir une fabuleuse aventure. J’avais envoyé un courriel à Jenaël l’informant de notre prochaine venue et lui demandai s’il était disponible pour nous faire visiter la région. Le cœur en joie, me voilà repartie avec mes amies pour quatre jours d’expédition en Pays cathare. Nous avons alors visité des hauts lieux, entrepris de grandes promenades à cheval et rêvé de fées et de lutins en dormant à la belle étoile au sommet du Pic de Bugarach. Ces rencontres et ces événements qui survenaient au bon moment dans ma vie, m’emplissaient de bonheur. Quel délice de me laisser guider par la magie !

 

 

Après trois jours d’enchantement, à la veille de notre retour, nous avons enfin rencontré Jenaël. Il habitait un minuscule appartement dans une maison de village à Rennes-les-Bains. À peine avait-il ouvert la porte, qu’il nous embrassa et nous invita à partager son dîner, comme si nous étions déjà de vieux amis. Encore une fois, nous étions surprises par cette façon de nous accueillir qui, nous l’avons compris bien plus tard, nous renvoyait à nos mémoires cathares.

 

En toute simplicité, Jenaël nous raconta sa vie et ses aventures depuis son arrivée dans l’Aude. Son histoire personnelle m’interpellait profondément. Bien que je ne fusse pas familiarisée avec le vocabulaire appuyant son discours, sa sincérité me touchait. Il parlait effectivement de ses expériences vécues avec des êtres provenant d’autres dimensions et des histoires qui se rapportaient à la région.

 

En fin de soirée, nous convenions d’une excursion pour le lendemain matin. Nos surprenantes conversations agrémentèrent nos rêves toute la nuit. Il allait sans dire qu’à notre réveil, fatiguées et perplexes, nous étions curieuses d’expérimenter de nouvelles péripéties. Jenaël nous proposa de visiter la grotte de Marie-Madeleine dans la Vallée des Couleurs, en contrebas de Rennes-le-Château. En débutant notre petite randonnée, il nous raconta qu’un jour avec deux amis, voulant se rendre à la grotte et même s’il connaissait parfaitement le chemin, il s’était cru égaré. Ce jour-là, il lui fut impossible d’y accéder. Le sentier qu’il empruntait régulièrement n’aboutissait nulle part ; c’était à n’y rien comprendre ! Il nous expliqua qu’il l’avait cherché plus d’une heure durant, mais impossible de retrouver les repères qui lui étaient si familiers. Le sentier s’arrêtait devant un énorme chêne et au-delà, des broussailles impénétrables lui barraient le chemin. Le lendemain, interpellé par cette étrange expérience, il décida d’y retourner. À sa grande surprise, il n’y avait plus ni chêne, ni broussailles ! Il put donc se rendre à la grotte sans encombre, comme à l’accoutumée.

 

Ce récit me laissa songeuse, d’autant plus que nous marchions sur ce même sentier où s’était déroulée cette aventure pour le moins surprenante. “Risquions-nous aussi de passer dans une fenêtre temporelle ?” C’est ainsi que Jenaël nommait cet étrange phénomène. 

 

Comme pour étayer son anecdote, la magie de la vie nous proposa une belle synchronicité. Dans cette petite vallée vivait un curieux personnage qui passait tous ses étés sous une tente. Il avait bourlingué dans les environs depuis des années et connaissait tout de l’histoire occulte de Rennes-le-Château et des phénomènes étranges qui s’y produisaient. Routier retraité, originaire de ce village, il nous relata les phénomènes mystérieux qui lui étaient arrivés. Il avait pour habitude de prendre un raccourci à pied depuis la Vallée des Couleurs pour rejoindre le village.

 

Un jour sur le chemin, il se retrouva nez à nez avec une ferme qui lui barrait l’accès à la route de Rennes-le-Château. Depuis vingt ans qu’il parcourait ce sentier, il ne l’avait jamais vue ! Poussé par la curiosité, il ouvrit le portail et admit qu’il se passait quelque chose d’anormal. Sur un sol très boueux, une vieille charrette en bois trônait au beau milieu de la cour et des outils et vêtements d’une autre époque étaient posés sur un banc. Vaches, cochons, poules, chiens et chats se côtoyaient librement dans la cour de la ferme, mais il n’y trouva aucun humain à qui s’adresser. Pris de panique, il rebroussa chemin jusqu’à son campement et s’allongea pour reprendre ses esprits. À son réveil, il constata que ses chaussures étaient pleines de boue alors qu’il n’avait pas plu dans la région depuis fort longtemps. Remis de ses émotions, il repartit sur ce même chemin pour essayer de comprendre. La ferme s’était volatilisée ! La terre était aride et il n’y avait ni charrette, ni vêtements d’époque, ni animaux, juste le sentier habituel emprunté !

 

Nous étions abasourdies d’entendre de nos propres oreilles cet autre récit, qui corroborait celui de Jenaël. Pour la première fois, nous rencontrions des personnes témoignant des mêmes phénomènes étranges qui se passaient dans la région. Il ne s’agissait donc pas que de mythes ou de légendes !

 

Poursuivant le chemin, des émotions indescriptibles émergèrent. Nous arrivâmes à proximité de la grotte où trois cavités se dégageaient. De la plus importante, partaient des galeries qui s’enfonçaient sous terre. Bien qu’encore perturbée par les récits que je venais d’entendre, ces cavernes m’inspiraient douceur et apaisement. En m’installant pour un moment de méditation, je réalisai que ces lieux m’étaient familiers. Ils réactivèrent de vagues souvenirs dont l’image d’accouchements pratiqués dans cette caverne. Plus tard, Jenaël m’expliqua que les femmes esséniennes y accouchaient parfois, car les énergies telluriques y étaient propices. 

 

Sur le chemin du retour, je me retrouvai à plusieurs reprises en présence de Jenaël qui lui, semblait être à mes petits soins (à savoir que la veille, je m’étais fait piétiner les orteils par un cheval !). Je me rendis compte que son énergie ne m’était pas inconnue… Arrivés à nos voitures, alors que nous allions nous séparer, je pris soudainement conscience que je ne voulais plus repartir. Quelque chose s’était déclenché en moi, j’en avais le cœur serré. Pour nous dire au revoir, Jenaël nous proposa une accolade fraternelle. Mais pendant que nous nous prenions dans les bras, je fus littéralement foudroyée par une décharge d’énergie qui me transperça le plexus. Consternée, sans mot dire, je montai dans la voiture et me collai à la vitre en espérant un signe qui me permettrait de comprendre ce qui venait de se produire. Mais rien n’arriva… Nous reprîmes la route en lançant un dernier regard en direction de la Vallée des Couleurs. 

 

C’est ainsi que je venais de rencontrer Jenaël pour la première fois. (Je sus plus tard que c’était le jour de son cinquantième anniversaire.)

 

De retour dans le Vaucluse, mon chez-moi me semblait bien fade. Je ne cessais de me questionner sur le sens de ma vie ici, tandis que toute une palette émotionnelle jaillissait en mon être. Je me sentais triste et esseulée. Le sentiment de plénitude que j’avais vécu en Pays cathare, réveillait en moi une profonde nostalgie. De plus, j’étais animée par un irrésistible besoin de parler à Jenaël. Mais que pouvais-je bien lui dire ?

 

Je cherchais un prétexte pour renouer contact avec lui, car j’avais enfin rencontré un homme qui, par son écoute, m’autorisait à m’exprimer sans retenue. Au bout de quelques jours, je finis par dépasser mes peurs et décidai de lui envoyer un courriel dans lequel je lui expliquai sincèrement et simplement mes ressentis et états d’âme. “Advienne que pourra. Si cela est juste, sa réponse me le montrera”, me dis-je. Je ressentais une profonde attraction envers lui, mais à la fois je n’avais aucune attirance physique ou amoureuse. Jamais je n’avais connu une telle confusion.

 

Après quelques jours, je reçus en guise de réponse deux phrases brèves me signifiant qu’il préférait me parler au téléphone. C’est ainsi que débutèrent de longues et passionnantes conversations. Celles-ci furent l’occasion de laisser grandir un flot d’émotions enfouies au plus profond de mon être. J’osais enfin parler de moi, de ma vie, de mon intimité, sans jamais entendre ni même ressentir de sa part un quelconque jugement. Au rythme de deux appels par semaine, nos échanges ont duré près d’un mois. Au fur et à mesure de nos conversations, je pressentais que quelque chose se jouait entre nous. Mon attraction envers cet homme devenait de plus en plus intense, cependant, il me semblait qu’il n’en avait pas autant conscience que moi. Comment pouvais-je l’amener à comprendre ce qui m’animait ?

 

Espérant trouver des réponses claires à mon questionnement, je me rendis à Saint-Gens, un haut lieu énergétique du Vaucluse où j’avais pour habitude de méditer. J’affectionnais particulièrement cet endroit, non pas pour son église, mais pour sa quiétude, son calme et la beauté de la nature environnante. J’y retrouvais une certaine sérénité, d’autant plus que j’adorais m’étendre sur les branches d’un énorme et très vieux chêne sur lesquelles parfois je m’assoupissais.

 

 

 

Vieux chène à St Gens (84)
Vieux chène à St Gens (84)

 

Kiristia

 

Ce jour-là, quelque chose me poussa à entrer dans l’église. C’est ainsi que je me suis retrouvée seule, face au Christ sur sa croix. (Je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi les hommes ont utilisé cette forme de torture comme symbole de leur religion.) Installée pour méditer et pensant à Jenaël, je m’interrogeai : “Ai-je aussi un nom d’âme comme lui ?” 

Subitement, j’entendis une voix forte pénétrer ma conscience et me “dire” : “Kiristia”.  “Kiristia ?!!! Te moques-tu de moi ?!” me suis-je alors exclamée tout haut.

  

Je mis un bon moment pour accepter que ce que je venais d’entendre était bien réel. D’autant plus que la vibration de ce mot déclencha une émotion très vive et inexplicable. Bien évidemment, en ce temps-là je n’en connaissais absolument pas la signification. Totalement bouleversée, je me questionnai : “À qui pouvais-je raconter cela sans risquer de moqueries ?” Ma pensée s’orienta tout naturellement vers Jenaël. 

Enfourchant mon vélo tout terrain, je dévalai à toute allure le chemin qui me ramenait à la maison. Une fois chez moi, j’empoignai mon téléphone et m’empressai de lui rapporter ma surprenante aventure. Comme à l’accoutumée, il m’écouta attentivement et me demanda de préciser mes propos sans craindre d’être ridicule. En lui prononçant le mot “Kiristia”, un long silence s’instaura au téléphone. “Allô, allô... Es-tu toujours là ?”

 

Il me répondit alors d’un ton solennel : “J’arrive ! Il est temps de nous revoir.”

“Enfin, il réagit ! Il était temps qu’il se réveille celui-là !” me dis-je. Jenaël à cette époque-là venait d’achever une tournée de conférences en Belgique et dans le nord de la France. Je savais donc que quelques jours me séparaient de son arrivée. Sans vouloir vraiment me l’avouer, je pressentais fortement que s’il venait me voir, il allait s’installer dans la région. Une énorme joie mêlée d’une panique incontrôlable m’envahit alors. “De quoi avais-je réellement peur ?”

 

Quelques jours plus tard, il m’annonça au téléphone qu’il était sur la route à une heure à peine de mon domicile. Je ressentis le stress monter. “Comment allais-je gérer cette situation ?”

 

Quand sa camionnette déboucha dans ma cour, j’étais dans tous mes états. Lorsqu’il vint à ma rencontre, je le scrutai de la tête aux pieds. Quelle horreur ! Il était vêtu comme un lutin ! Il portait un tee-shirt très ample, couleur rouille, ainsi qu’un pantalon sarouel vert, bouffant, orné de motifs ethniques. Le choc ! Ce personnage qui s’avançait vers moi sortait de tous les stéréotypes vestimentaires connus dans le Vaucluse. “Venait-il d’une autre planète ? Était-ce bien lui qui stimulait ma joie lors de nos fascinantes conversations ?”

 

C’était à n’y plus rien comprendre. De plus, je le trouvais vieux avec ses cheveux grisonnants, blanc de peau, petit et trapu ! Moi qui avais l’habitude de fréquenter des apollons très grands, typés méditerranéens, me voilà servie… Je l’ai “tout de même” invité à s’asseoir à ma terrasse et comme au téléphone, nous avons entamé une discussion passionnée jusqu’à la tombée de la nuit. L’énergie de cet homme me fascinant, je tentais de faire abstraction de son physique, de sa tenue vestimentaire et de mes a priori. Heureusement que lors de nos conversations, j’appris qu’il s’habillait de cette façon pour être à l’aise durant ses longs trajets en camionnette.

 

Au moment de nous séparer, je lui proposai de disposer de la salle de bain et de prendre ses aises sur le canapé pour lui éviter de dormir dans son camion aménagé. Lentement, je me laissais apprivoiser par sa présence. Il m’apparaissait comme quelqu’un de très sensible, doux et sincère. J’étais éprise de nos riches et captivantes conversations, d’autant plus que nous nous apercevions que nos chemins de vie mutuels étaient jalonnés de similitudes. Portant les mêmes blessures existentielles, nous savions que nous étions chacun dans un grand tournant de notre vie. Heureuse de sa présence, je me suis endormie ce soir-là, apaisée et soulagée. 

 

Le lendemain matin, vêtu d’un jean et d’un polo, il ne m’apparaissait plus comme le “lutin” de la veille, même si en comparaison de mes anciens compagnons, il me semblait toujours aussi vieux. Je n’arrivais pas à me faire à son physique, toutefois nos échanges me passionnaient toujours autant.  Jenaël avait l’habitude de voyager sans se donner d’objectif, ni se soucier des horaires. Il avait appris à vivre en se laissant porter par les signes et les synchronicités. Cette confiance qu’il plaçait dans la vie me surprenait et m’interpellait fortement. Il est resté ainsi une quinzaine de jours chez moi. Ni l’un ni l’autre avaient envie de se séparer. Je continuais à me familiariser avec son énergie, même si je rejetais toujours son apparence. Mon chakra du cœur se mettait à tournoyer intensément, jusqu’à me donner des vertiges lorsqu’il s’approchait de moi. Je luttais entre ce que je voyais et ce que je ressentais, l’ego et l’êtreté. “Devais-je faire un choix ?”

 

Quelques jours plus tard, je cédai à l’appel du cœur. Nous avons passé ainsi notre première nuit ensemble. Jamais jusqu’alors, je n’avais vécu de tels instants. Nos rapports intimes nous ont soudainement et violemment propulsés dans d’autres espaces-temps où je le connaissais déjà !!! Cette façon qu’il avait de me toucher et de me caresser, m’était étrangement familière. Son langage corporel venait me rappeler des pratiques tantriques égyptiennes ou esséniennes. Je reconnaissais parfaitement cette manière de nous faire monter mutuellement en énergie. Commençant à être submergée par d’intenses émotions, cette sensation de chaleur qui montait le long de ma colonne vertébrale me propulsa à plusieurs reprises dans d’autres dimensions de mon existence, “d’autres vies”. À ce moment-là, je reconnus parfaitement Jenaël. Je venais enfin de le retrouver ! De nombreuses questions émergèrent alors en mon esprit. “Comment avais-je pu oublier tout cela ? Comment avais-je pu m’égarer à ce point dans ma vie... ?”

 

Je réalisais qu’au travers de mes différents compagnons, je cherchais à recouvrer des sensations qui me permettraient de réunir toutes les facettes de mon âme. Curieusement, le rejet que je ressentais envers lui s’estompa comme par enchantement. “M’avait-on débranché la raison ?”

 

Désormais, j’acceptai d’explorer d’autres aspects de sa personnalité, ce que je fis les jours suivants. Nous étions en parfaite communion. Sa présence et nos partages à n’en plus finir élevaient incroyablement mes fréquences vibratoires et comblaient mon âme. Durant cette semaine, pratiquement passée à huis-clos, je vécus la magie, ressentant l’effusion de tout mon être. Pourtant, un beau matin, réveillée, je regardai Jenaël encore endormi à mes côtés. “Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Comment avais-je pu l’inviter dans mon lit ?”

 

À nouveau, je repoussai son physique et ses dix-huit ans et demi de plus que moi ! Au petit déjeuner, malgré mon malaise, j’osai lui exprimer ma répulsion et mon mal-être. Jenaël m’écouta attentivement sans sourciller et me répliqua : “D’accord, je comprends, si tu veux je continue ma route.”

 

Lorsqu’il prononça cette phrase, je sentis mon cœur se briser. Quelqu’un m’avait-il replacé mon ego ?

Je me rendis compte que je ne voulais pas qu’il parte. Je lui proposai donc de patienter afin de reprendre mes esprits pour comprendre ce qu’il se passait en moi. Les nuits suivantes, lui sur le canapé, moi dans mon lit, je l’entendais pleurer durant son sommeil tandis que moi aussi seule dans ma chambre, je vidais les boîtes de mouchoirs. Il m’était insupportable de le laisser souffrir, mais à la fois, je ne pouvais agir autrement.

 

Un après-midi, comme je devais m’absenter, je lui proposai mon vélo pour qu’il puisse aller visiter les environs. À mon retour, il me raconta son étonnante aventure. S’étant promené dans les parages, il avait relevé plus d’une dizaine de pancartes “maison à louer”. Toujours attentif aux signes, il comprenait que de cette façon-là “l’Univers” lui envoyait un message. Devait-il déménager ? Ma propriétaire, qu’il rencontra alors pour la première fois, lui donna la réponse en lui proposant un appartement à louer chez une amie, alors que Jenaël n’avait absolument rien demandé. 

 

Par cette synchronicité, il en avait conclu qu’il allait devoir quitter l’Aude pour emménager ici. Dans la foulée, ma propriétaire l’amena visiter cet appartement situé à trois kilomètres de chez moi. De suite, un accord se conclut avec la maîtresse des lieux, enchantée de louer son bien avec une telle facilité. Jenaël devait donc retourner dans l’Aude pour préparer ses cartons. 

 

Stupéfaite de la vitesse à laquelle se plaçaient les événements, je compris qu’il allait bientôt habiter non pas chez moi, mais à proximité. Le compromis idéal ! J’en fus soulagée. “L’Univers fait bien les choses !” estimai-je alors. Nous allions pouvoir devenir des amis ! Or, toujours embarrassée par l’agitation du chakra du cœur, je ressentis en mon for intérieur que quelque chose d’indéfinissable était en train de se jouer. Jenaël retourna ainsi dans l’Aude pour préparer son déménagement. Les deux semaines qui passèrent étaient à nouveau animées par nos interminables conversations téléphoniques. Nous avions à tout moment des choses à nous raconter. J’avais hâte de le retrouver…, en toute amitié bien sûr ! 

 

De retour dans le Vaucluse, il arriva un soir avec sa camionnette attelée d’une petite remorque où était entassée la totalité de ses affaires. Il avait rendu les clés de son appartement de Rennes-les-Bains. Désormais, nous allions devenir voisins. Je lui proposai encore une fois d’occuper mon canapé jusqu’au jour de l’emménagement. À nouveau, je fus tiraillée par un double sentiment d’attraction-répulsion. N’arrivant toujours pas à cesser de le comparer à mes ex-apollons, j’avais tout de même besoin d’être à ses côtés. 

 

Le jour de son emménagement, à la porte de son futur domicile, Jenaël apprit l’hospitalisation d’urgence de sa propriétaire suite à une attaque cardiaque. Il ne put donc obtenir les clés. “Est-ce un nouveau signe de l’Univers ?” s’interrogea-t-il. Je l’accueillis alors une nuit supplémentaire sur le canapé, ce qui relança mon mal-être.

 

Le lendemain, lorsqu’il se présenta de nouveau à sa future résidence, il fut reçu par la fille de la propriétaire qui lui expliqua que sa mère étant hospitalisée, celle-ci avait remis toutes les procurations administratives à son fils. Il était dorénavant le seul habilité à finaliser le contrat de bail. Mais en raison de conflits familiaux, celui-ci refusait catégoriquement de louer l’appartement.  “Était-ce une plaisanterie ?”

 

Une nouvelle fois, Jenaël passa la nuit sur le canapé. Je compris à ce moment-là que quelque chose d’insensé se profilait. Cependant, mon esprit rationnel était incapable d’accepter ce que je commençais à percevoir. Il fallait impérativement trouver une solution pour qu’il reparte rapidement de chez moi. Ma propriétaire, qui avait plus d’un tour dans son sac, avait annoncé à Jenaël lors de leur première rencontre, qu’elle connaissait par ses relations deux autres appartements à louer. Nous décidâmes donc de la solliciter une nouvelle fois. Lorsque le lendemain, elle nous annonça que les deux autres habitations venaient tout juste d’être occupées, nous avions compris la farce que nous jouait “l’Univers” ! La guidance de nos âmes ne faisait-elle pas en sorte de nous rapprocher coûte que coûte ?

 

Jenaël ne pouvait même pas dormir dans sa camionnette encombrée jusqu’au plafond. Nous n’avions plus le choix ! Tous deux étions résignés à devoir cohabiter le temps de trouver une solution. Évidemment, cette solution, malgré tous nos efforts ne se présenta jamais. Il était définitivement coincé chez moi. Je savais que mon âme m’obligeait à accepter ces circonstances, mais comment faire pour tolérer quelqu’un qui m’insupportait à ce point ?

 

J’avais beaucoup de difficulté à vivre avec ce sentiment d’attraction-répulsion que déclenchait sa présence. Toutefois, lui aussi voyait au-delà des apparences, percevant que ces circonstances n’étaient pas dues au hasard, ni à la fatalité. Il savait que nous n’avions pas d’autre choix que d’accepter cette situation telle qu’elle se présentait. Il m’affirmait sans cesse que nous avions à en grandir. De mon côté, ma lutte intérieure me faisait bouillir. Je ne cessais de pleurer, toutefois, j’étais incapable de l’obliger à partir. Dans ces moments difficiles, il me disait : “Accepte la situation telle qu’elle est, si tu la refuses et que tu luttes pour essayer de la changer, aucune autre solution ne pourra se présenter.”

 

Je me disais : “Non mais je n’y crois pas ! Accepte, accepte, accepte... Il n’abuse pas un peu celui-là !” Comment accepter l’inacceptable ? Pourtant, elle était bien là la solution, et il me fallut de longues semaines pour le comprendre ! Aussi désolé que moi, Jenaël, néanmoins très patient, conciliant et confiant, dormait toujours sur le canapé comme s’il connaissait déjà l’aboutissement de notre histoire.

 

Enfin, ce jour arriva, c’était le 11.11.11. Nous étions invités à une journée conviviale de rencontre, méditation, partage musical… Jenaël étant musicien, il se retrouva à animer un cercle de danse improvisé. Je le vis ainsi pour la première fois jouer du djembé, de la flûte, de la cithare... avec un engouement et une aisance qui m’ont subjuguée. Je remarquais autour de moi que les autres personnes présentes étaient elles aussi en admiration et exultaient de joie. Tout le monde chantait, dansait et se laissait enivrer par cette énergie d’allégresse. Je perçus alors Jenaël sous un jour nouveau et rajeuni. Il n’était plus le même. Redécouvrant sa véritable identité, celle que mon âme reconnaissait, je me réjouissais de nos retrouvailles. 

 

Sur le chemin du retour, je lui promis de cesser de l’ennuyer. Prête dorénavant à accepter sa présence, il n’avait plus à se soucier d’être sous mon toit, ni urgence à trouver un logement. Ainsi notre relation s’est progressivement équilibrée, même si parfois quelques soubresauts égotiques de ma part lui suggéraient à nouveau de s’activer dans ses recherches de location. Cependant, je prenais conscience que ces conjonctures douloureuses qui m’avaient tant fait pleurer, étaient uniquement liées à mes propres résistances puisque dans les moments où j’arrivais à les oublier, notre relation redevenait parfaitement harmonieuse. 

 

J’avais tout simplement peur du “qu’en-dira-t-on”. Je l’ai vraiment conscientisé, lorsqu’un jour nous promenant au marché, je ressentis de la gêne de me montrer en sa compagnie. Évidemment, puisqu’il n’avait rien en commun avec les étalons que j’avais l’habitude d’exhiber, mon ego se prit une nouvelle gifle ! Une fois de plus, je sentis des larmes ruisseler sur mes joues, réalisant que toute ma vie était bâtie sur du paraître. Je prenais conscience qu’à travers mes anciennes conquêtes, j’avais cherché à me valoriser aux yeux de ma famille, de mes amis, de la société…, parce que j’avais toujours été profondément blessée dans mon estime de soi.

 

En osant véritablement regarder mon passé, je compris que les “qualités” de mes anciens compagnons étaient devenues prétexte à gagner la bénédiction de mes parents. Je réalisai également que dans mes schémas inconscients, j’étais toujours en recherche d’un homme ressemblant à mon père, possédant son savoir-faire et un charisme pouvant séduire ma mère. 

 

Comment avais-je pu nourrir ces schémas primitifs durant toutes ces années au détriment de mon véritable bonheur ? Je pris alors conscience du pourquoi je rejetais Jenaël avec autant d’insistance alors qu’en même temps, j’étais incapable de m’en séparer. Cette fois, j’étais décidée à ne plus me laisser dérouter par mes peurs et projections. Je venais d’accepter que je devais simplement répondre à mon appel intérieur.

 

Au fil des semaines, Jenaël finit par ne plus être un poids. Je ne m’interrogeais plus pour savoir s’il devait partir ou rester, puisque finalement je ne me sentais pas si mal avec lui ! De plus en plus à l’aise en sa présence, nous partagions nos activités journalières dans la fluidité avec une réelle harmonie grandissante. Nous devenions partenaires et complices. Par mon lâcher prise, je me libérai d’un schéma de dévalorisation transporté depuis mon adolescence, qui m’avait été profondément préjudiciable. Lorsque j’acceptai cela, Jenaël réceptionna coup sur coup, plusieurs offres de location pour un appartement. “L’Univers venait-il à nouveau me tester ? Étais-je prête à le laisser filer maintenant ? Certainement pas ! Hors de question qu’il reparte !”

 

Me sentant de plus en plus en confiance avec lui, il m’invita alors à témoigner de mon propre parcours lors d’une conférence organisée dans la région. Je commençais également à mettre mon nez dans ses écrits, me contentant pour commencer de corriger et modifier certaines tournures de phrases. Évidemment, il n’était pas facile de marier les formules grammaticales du patois alsacien au jargon et à la faconde féminine méditerranéenne ! En corrigeant ses textes, je ressentais que certains d’entre eux me connectaient à de nouvelles mémoires sur d’autres plans d’incarnation. J’étais passionnée et fascinée par ses récits relatifs aux origines de l’humanité et par toutes les thèses qu’il développait sur les lignées reptiliennes. 

 

Désormais, nous cheminions à deux !

 

Au fur et à mesure de notre partenariat, je lui fis part de mon souhait de m’installer à mon compte et d’ouvrir mon cabinet de kinésiologie intuitive. Depuis fort longtemps, animée d’un élan à devenir praticienne ou thérapeute, j’ambitionnais de mettre en pratique mes compétences afin d’accompagner les gens à dénouer leurs difficultés et leur mal-être quotidien. C’est ainsi que je trouvai l’occasion de m’établir avec une thérapeute de mon quartier qui venait de terminer sa formation de praticienne. Mon rêve allait enfin s’exaucer, mais curieusement, je commençais à ressentir cette fameuse boule au ventre qui parfois m’alertait, lorsque je ne prenais pas la bonne direction. “Avais-je peur ? Était-ce réellement une guidance de mon âme ? Finalement, pourquoi devenir thérapeute ?”

 

Faisant part à Jenaël de mon hésitation et de mes questionnements, il prit garde de ne pas m’influencer et me rétorqua simplement : “Si tu ne fais pas l’expérience, tu n’auras jamais les réponses. Néanmoins, sois attentive aux signes !”

 

Je décidai donc d’aller au bout de mon expérience en proposant dans mon cabinet des soins énergétiques, en complément de la kinésiologie. J’utilisais aussi quelques notions de décodage des maladies, en me fiant surtout à ma propre intuition. Je commençais à avoir de bons résultats, le bouche-à-oreille fit le reste. Parallèlement, Jenaël et moi étions régulièrement amenés à animer des conférences sur le travail en binôme, les êtres de la nature, la multidimensionnalité de l’être... 

 

Lors de ces conférences, certaines personnes présentes nous sollicitaient pour des consultations en tandem, ce que nous avions alors entrepris. De ce fait, notre clientèle s’était sensiblement développée. Toutefois, lorsqu’il m’arrivait d’exercer seule, quelque chose me mettait mal à l’aise. “Observe les signes !” me rappelai-je. Notre clientèle grandissait. “Voilà le bon signe !” me dis-je pour me rassurer. Néanmoins, mon nœud au ventre persistait.

 

Un beau jour après un long week-end, en me rendant au cabinet, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir au-dessus de la porte d’entrée une caméra de surveillance et tout un dispositif de sécurité, que ma partenaire, propriétaire des lieux, avait fait installer. Le choc ! Comment pouvais-je demander à mes clients de faire confiance à la vie et leur apprendre à lâcher leurs peurs, si au‑dessus de mon propre cabinet était installé un système de sécurité ?! Il était là le signe que je devais voir ! Je venais enfin de déceler la cause de mon mal-être. 

 

Quel exemple donnions-nous à notre clientèle ?! Cette caméra, n’était-elle pas révélatrice de notre peur profonde de l’insécurité ? Moi qui enseignais le détachement, la confiance, la sécurité intérieure... ! Je savais par expérience qu’en apprenant à vivre en toute confiance, la loi universelle de cause à effet, nous offrait la sécurité absolue. Cette caméra de surveillance était donc un non-sens pour mon éthique.

 

Dès cet instant, je ne me sentis plus le droit de donner des conseils de vie à qui que ce soit, si moi-même je n’étais pas en mesure de les appliquer. Presque instantanément, cette sensation de boule au ventre disparut. Je venais de mettre le doigt sur quelque chose d’essentiel. Je perçus le message symbolique que me révélait “l’Univers”. Avant de m’occuper des autres, n’était-il pas plus sage que je m’occupe d’abord de moi-même ?

 

Les questions affluèrent dans mon esprit : Pourquoi étais-je devenue thérapeute ? Pourquoi tenais-je tant à soigner les autres ? Peut-être était-ce finalement pour soigner mes propres maux à travers l’autre ? Pourtant, depuis l’enfance, je croyais que c’était mon dessein, l’objectif de ma vie d’adulte ! 

 

À partir du moment où avec la plus grande des sincérités je me suis posée ces questions, le langage des oisons me donna les réponses. Des “étincelles d’illumination” jaillirent dans ma conscience. Ce langage magique et symbolique me révéla que le mot “thérapeutiser” signifiait “te-rapetisser”. Mais que ou qui voulais-je rapetisser ? À travers ma pratique, je croyais réellement aider l’autre et j’y mettais toute mon énergie. Je me servais déjà de l’effet miroir et de ses applications, mais seulement dans un sens, ce qui en tant que thérapeute m’arrangeait bien !

 

Cette caméra au-dessus de mon cabinet hantait mes pensées. Que devais-je encore comprendre ? Je savais déjà que l’objectif de la caméra symbolisait mon œil, ma façon de voir le monde, tandis que son optique “grand-angle” rapetissait la réalité. Je réalisais alors que la “grande thérapeute” que j’ambitionnais de devenir, minimisait et relativisait la souffrance de l’autre pour ne pas réveiller la sienne. Lorsque je m’occupais d’autrui, n’était-ce pas la meilleure façon de dénigrer mes propres souffrances et de les balayer sous le tapis ? D’ailleurs comme “par hasard”, je décelais rapidement que bon nombre de mes clients portaient des schémas de vie identiques aux miens ! Ces évidences ébranlèrent mon ego. Je portais le programme du héros-sauveur, celui‑là même que j’excellais à détecter chez mes patients. Ce fonctionnement pervers me permettait de refouler mes propres souffrances. Je venais de découvrir pourquoi Jenaël m’avait encouragée à aller au bout de mon expérience. Je devais comprendre les choses et les intégrer par moi-même !

 

Le lendemain, j’annulai tous mes rendez-vous, restituai les clés du cabinet et mis mon auto-entreprise en cessation d’activité. Il était temps que je m’occupe de moi ! D’avoir contacté cette profonde insécurité en moi me décida alors à clore définitivement cette page de ma vie ! Fini les horaires, les agendas, les rendez-vous, les obligations... “Mais bon sang quelle prison !” compris-je enfin. Je n’en revenais pas ! Toutes les restrictions et limitations que je m’imposais pour pallier mes peurs et pour faire comme les autres, m’explosèrent en pleine figure. Travaillant uniquement pour me rassurer, je réalisai que la peur était le moteur de mon existence. Tout au long de mes expériences, je recherchais des limites, des cadres et des repères pour me sécuriser. 

 

Désormais, tout comme Jenaël, j’étais déterminée à faire confiance et à me laisser guider par le flux de la vie. Apprendre à vivre libérée de toutes contraintes, tout en étant responsable et en l’assumant, est la voie que dorénavant je décidai de suivre. Et c’est ce qui arriva ! Quelques semaines s’écoulèrent lorsque la magie de la vie nous proposa cette nouvelle occurrence que j’attendais tant : trouver une location plus grande pour accueillir notre nouveau binôme. Mais les synchronicités en avaient décidé autrement ! Elles nous proposèrent d’abord des vacances ! Pour la première fois de ma vie, je pouvais m’offrir des congés illimités ! Je n’avais plus à appréhender le retour au travail. Très vite, pourtant, je me retrouvais face à un nouveau dilemme. 

 

– Comment allais-je gagner ma vie ? Que vais-je faire maintenant ? demandai-je à Jenaël. 

–  Mais pourquoi veux-tu gagner ta vie ? La vie n’est pas une loterie. Tu n’as pas à la gagner. Tout ce que tu as à faire est d’apprendre à vivre sans te poser ni limites, ni restrictions ! La vie te propose maintenant de suivre son cours en apprenant à te faire confiance et en te laissant guider par ton “Ange gardien”.

–  Oh là là... Tu as trop regardé de séries télévisées ! répliquai-je en me moquant de lui. Cependant, je savais qu’il avait raison puisqu’il m’avait déjà fait part à de nombreuses reprises de ses expériences avec “son Ange”.

– Pourquoi ris-tu ? Toi aussi tu as ton Ange gardien ! Observe les choses et tu le découvriras par toi-même. Regarde ! Ta société qui ne licenciait jamais personne, t’a déroulé le tapis rouge pour que tu puisses obtenir des indemnités de licenciement et de chômage. Cela ne s’est-il pas déroulé spontanément et sans encombre ? Tu as trouvé à déménager sans aucune difficulté, simplement en suivant les signes et en écoutant ton intuition. N’est-ce pas ? Je suis arrivé dans ta vie en me laissant aussi guider par les signes et regarde où nous en sommes rendus !

 

Ces exemples démontrent bien que si nous ne cherchons pas à contrôler les situations, celles‑ci se placent d’elles‑mêmes et toujours pour notre plus grand bien. Ce qui prouve aussi qu’en apprenant à dépasser nos peurs, en ayant foi, nous permettons à notre guidance supérieure de se mettre en action. Cela confirme bien que nous sommes guidés et qu’absolument rien n’est dû au hasard !

 

J’étais tout à fait d’accord avec Jenaël. Néanmoins, j’avais peur de m’offrir la liberté que les circonstances me proposaient. Qu’allait-on penser de moi ? Qu’allait dire ma famille, mes amis ? Peu à peu, je perçus l’emprise de ma culpabilité. Je pensais à mes grands-parents qui avaient vécu les affres de la guerre et la restriction durant toute leur vie. Bien entendu de la même manière qu’ils l’avaient inculqué à mes parents, je croyais moi aussi qu’il fallait travailler dur pour mériter de vivre. D’ailleurs à l’âge de neuf ans, n’étais-je pas déjà en train de tenir le commerce de mon père, et à quinze ans, de gérer le stand de mon oncle sur les marchés ? Comment pouvais-je aujourd’hui m’autoriser à penser autrement que ce qu’ils m’avaient inculqué ?

 

Devais-je renier toute l’éducation que j’avais reçue ? Et maintenant, le système de protection sociale allait me donner de l’argent sans que je travaille ! Vivre aux crochets de la société m’était insupportable. Cependant, mon envie de liberté était bien plus forte. Je devais absolument me défaire de mes schémas de survie et de culpabilité, quoi qu’il arrive et quoi qu’on en dise. Comme Jenaël, je décidai de faire fi du qu’en-dira-t-on et d’apprendre à me libérer de mes conditionnements. 

 

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